Un port est un séjour charmant pour une âme fatiguée des luttes de la vie. L'ampleur du ciel, l'architecture mobile des nuages, les colorations changeantes de la mer, le scintillement des phares, sont un prisme merveilleusement propre à amuser les yeux sans jamais les lasser. Les formes élancées des navires, au gréement compliqué, auxquels la houle imprime des oscillations harmonieuses, servent à entretenir dans l'âme le goût du rythme et de la beauté. Et puis, surtout, il y a une sorte de plaisir mystérieux et aristocratique pour celui qui n'a plus ni curiosité ni ambition, à contempler, couché dans le belvédère ou accoudé sur le môle, tous ces mouvements de ceux qui partent et de ceux qui reviennent, de ceux qui ont encore la force de vouloir, le désir de voyager ou de s'enrichir.
Charles Baudelaire, Le Spleen de Paris, 1855
Claude Gellée, Port de mer au soleil couchant, 1639
Ce tableau illustre bien le poème de Charles Baudelaire, puisqu'on nous décrit un port : le ciel, les nuage, les colorations de la mer, les navires, les belvédères...On peut remarqué par contre qu'il n'y a pas de phare. Le tableau montre image positive du voyage avec ce port illuminé par le couché de soleil comme il est exprimé dans le poème.
Lilou Thioulouse