Et je serai face à la mer
qui viendra baigner les galets.
Caresses d’eau, de vent et d’air.
Et de lumière. D’immensité.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera que ciel léger.
Et je serai face à la mer
qui viendra battre les rochers.
Giflant. Cinglant. Usant la pierre.
Frappant. S’infiltrant. Déchaînée.
Et en moi sera le désert.
N’y entrera ciel tourmenté.
Et je serai face à la mer,
statue de chair et cœur de bois.
Et me ferai désert en moi.
Qu’importera l’heure. Sombre ou claire…
Esther Granek, De la pensée aux mots (1997)
"Evasion" est à la fois simple et beau.
C'est seulement le choix des mots, leurs sonorités et le sens qu'ils trouvent entre eux qui amènent toute la beauté du poème. « Caresses d'eau, de vent et d'air. Et de lumière. D'immensité » : ce sont ces noms en particulier qui apportent le calme de la première strophe. Le choix des mots de la deuxième relèvent, eux, la force qu'Esther Granek a voulu donner à l'eau.
J'ai aimé la belle image que ce poème donne de l'eau. Elle est d'abord très complète : on la voit à la fois comme une étendue douce et lumineuse, mais aussi comme un mur de vagues déchaînées. Le poète ne s’arrête pas qu'à un seul de ses caractères.
Enfin, ce qui m'a particulièrement plu, c'est qu'ici l'eau nous fait voyager, elle nous permet de nous Évader.
Carla Bouclier