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des critiques et des créations littéraires d'élèves


"Un très beau livre qui nous emporte au coeur d'un drame..."

Publié par les élèves du lycée Baudelaire sur 3 Novembre 2016, 21:51pm

Couverture du livre.

Couverture du livre.

Frank Andriat.

Frank Andriat.

« Ils ont quinze ans et n’ont jamais eu une arme en mains. Sauf peut-être un revolver en plastique ou une grenade en chocolat. » (Extrait du début du livre)

  

   Normalement, les vacances sont une occasion pour la plupart de voyager un peu. Mais deux élèves âgés de quinze ans, Othmane et Wassim, ne reviennent pas après les vacances de Pâques. Ces deux jeunes étudiants sont partis combattre en Syrie au nom de Dieu. Personne n’a rien vu, ni soupçonné. Ni les parents, ni les amis, ni les professeurs. Cette nouvelle bouleverse tous leurs proches et tout le collège. Ils ne peuvent plus penser à autre chose ; leur départ déchire la classe qui doit se préparer pour un examen. Les journalistes scrutent l’entrée du collège à l’assaut de scoops digne de rédaction, de n’importe quels éléments intéressants pour remplir leurs pages de périodiques. Ils harcèlent les jeunes, tandis que la Police enquête et cherche tout indice qui expliquerait leur départ aussi soudain. Tout le monde se pose ces questions : Pourquoi ? Comment ? Qui les a recrutés ? Et comment leurs amis et familles ont-ils pu ne rien soupçonner ? Alors que chacun est sous le choc, les profs et le directeur se mettent au service des jeunes pour les écouter et les protéger.

   Ce magnifique roman jeunesse intitulé Je t’enverrai des fleurs de Damas a été écrit avec beaucoup de sensibilité par Frank Andriat, un enseignant et romancier Belge né à Ixelles en 1958. Il est paru en 2014 et a été remis en lumière suite aux évènements tragiques de 2015. Avec ce livre, l’auteur nous donne une excuse pour discuter, argumenter et réfléchir. C'est un moyen de s’ouvrir à un esprit critique. Il nous encourage aussi à oser une relation élève-professeur plus solidaire et soudée, et nous apprend que ce n’est qu’avec l’écoute et le respect de tous que le radicalisme cesse, quelle que soit la forme qu’il prend.

   La majorité des personnages qui figurent tout au long de cette belle histoire sont très attachants, mais évidemment, Myriam, le personnage principal, est celui qu’on apprécie le plus ; Meilleure amie de Wassim, elle a le cœur brisé d’apprendre que son chéri d’habitude souriant, rigolard,  généreux, mature et intelligent, et en plus attaché à la France et à ses principes, puisse vraiment quitter tout le monde pour aller en Syrie, ce pays pris par la guerre et le chaos, et aider les rebelles à combattre contre « Bachar-Al-Assad », le président de la Syrie, dit « Barbare-Al-Assad » par la classe. Elle n’aurait jamais cru qu’il allait vraiment partir quand il a dit « Je vais bronzer sur les plages de Syrie » à Johnny, son meilleur ami et « Bonnes vacances, Adieu » à lui et à elle au début des vacances. Elle aussi est musulmane, mais ne comprend pas sa radicalisation.

   L’émoi se cache entre chaque ligne. L’histoire est donnée grâce à l’alternance de voix et de forme ; elle change entre réflexion et épistolaire, où on trouve des extraits du journal de Youssef, un jeune dans la même classe que Myriam -dont la façon de penser nous fait froid dans le dos- ainsi q'un échange de lettre entre Myriam, cette jeune mature, forte et brave et son professeur préféré, le professeur de français qu’on surnomme « Bébé Cougnou », à qui elle confie ses émotions, ses insécurités et tout qu’elle juge utile de lui dire, ce qui lui permet de ne pas se noyer dans son chagrin. Finalement le point de vue d’un élève de la classe, ceci nous donne quatre perspectives,quatre façons différentes de voir, de lire le déroulement de cette l’histoire:

Au fur et à mesure que nous lisons, nous découvrons les nombreuses facettes des personnages dont parle Frank Andriat dans ses pages et leurs opinions importantes. Ceci est très agréable à lire, puisqu’ainsi, nous commençons à aimer les personnages figurants.Par exemple, Le professeur d’histoire, musulman qui s’en veut de n’avoir rien vu, s’interroge sur l’impact de ses messages de tolérance et d’amour face aux discours des intégristes, ce qui laisse penser au fait qu’il n’y a pas qu’une vérité.

   A ce propos, une phrase de Marc-Alain Ouaknin (un rabbin et philosophe français) particulièrement touchante que Myriam, cette jeune fille qui crie sa peine et sa colère dans ses lettres cite: « Dès lors que quelqu’un revendique comme seule vérité la sienne, on entre dans une violence infinie, et le dialogue, à supposer qu’il ait lieu, ne peut mener qu’au meurtre. Il fait refuser absolument les guerres de religion, « le djihad » et les autres guerres « saintes ». Cette phrase/citation est très importante, et ces mots sont extrêmement bien choisis.

   La fin est bien trouvée puisqu’elle nous donne une sensation de clôture, tout en donnant une appétence d’une centaine de pages en plus. Elle nous laisse réfléchir à ce qui vient d’arriver, en comparant les faits à l'actualité tragique.

 

   C’est un livre choc, un livre sensible, rempli d’incertitude et de mal-être. Pas de jugement, ni de fin idéale. Ceux qui parlent sont ceux qui subissent une perte dans cette histoire, dans cette tranche de vie sombre, néanmoins importante et splendidement racontée.

Ce ravissant roman est à lire, évidemment !

                                                                          El Helou Anna Maria.

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