Le clown

Le Clown

Bobèche, adieu ! bonsoir, Paillasse ! arrière, Gille !
Place, bouffons vieillis, au parfait plaisantin,
Place ! très grave, très discret et très hautain,
Voici venir le maître à tous, le clown agile.

Plus souple qu'Arlequin et plus brave qu'Achille,
C'est bien lui, dans sa blanche armure de satin ;
Vides et clairs ainsi que des miroirs sans tain,
Ses yeux ne vivent pas dans son masque d'argile.

Ils luisent bleus parmi le fard et les onguents,
Cependant que la tête et le buste, élégants,
Se balancent sur l'arc paradoxal des jambes.

Puis il sourit. Autour le peuple bête et laid,
La canaille puante et sainte des Iambes,
Acclame l'histrion sinistre qui la hait.

Paul VERLAINE (1844-1896) Jadis et naguère

                                       Eugène BERTHELON, Vue de village, 1864

J'ai choisi ce tableau d'Eugène Berthelon, car je pense qu'il fait bien référence au poème ci-dessus de Paul Verlaine, qui évoque la double face que peut montrer un clown. En effet, ce dernier rit, s'illumine et s'amuse pour un public mais peut aussi cacher cependant ses réels sentiments, qui peuvent être contraires. Je trouve que les contrastes et la lumière de ce tableau reflètent bien ce phénomène de différence. Il y a des tons de couleurs clairs mais aussi des couleurs foncées, plus dures.

   Charlotte Gaillard